RÉFLEXIONS sur votre personnage

La rivière de questions

Vous écrivez une histoire, et vous frappez un mur ; ça n’avance plus, vous bloquez. Peut-être faut-il simplement revenir en arrière et emprunter une nouvelle voie, ou bien vous avez besoin de mieux réfléchir sur la situation dans laquelle se trouve votre personnage. 

Je vous suggère d’ouvrir un nouveau fichier (Word, Scrivener…) sur votre ordinateur, ou de prendre un carnet, et de vous poser toutes sortes de questions sur ce qui se passe à ce moment-ci de l’histoire, et sur votre personnage aussi. En quoi la situation actuelle fait-elle avancer l’histoire  et/ou le personnage ? Que ressent-il, celui-là ? Que veut-il à ce moment précis de l’histoire ? Pourquoi agit-il ainsi ? À quel dilemme est-il confronté ? Laissez toutes les questions émerger naturellement de vos pensées, et faites-leur confiance, ne les jugez pas. Ah, elles sont poches, mes idées, trop nulles ! Ça vaut rien et c’est pas comme ça d’habitude que ça fonctionne ! Qu’en savez-vous ? Ne doutez pas de vous ni de vos idées, et plongez. Répondez-y, sans trop penser, go go go ! Laissez le flux jaillir librement hors de vous. Il en ressortira une pépite d’or qui fera vibrer votre cœur et rayonner votre histoire.

Déracinement

Un déracinement, c’est « arracher (ce qui tient au sol par des racines) », selon la définition du Grand Robert numérique. Qu’est-ce qui me tient au sol, moi ? Quelles sont mes racines ? Mon conjoint. Mes enfants, ma famille, mes amies, ma maison, mon chat, ma religion, mon travail, mon écriture, mes lectures, le milieu dans lequel je vis, la nature, le fleuve, les oiseaux… Mes racines, ça représente tout ce qui me permet de tenir debout et de rester en équilibre. C’est dans mes racines que je puise ma force, mon énergie, pour vivre. Et si on me déracinait, que se passerait-il ? Je serais parachutée hors de ma zone de confort. Je serais projetée dans un nouvel état de conscience avec lequel j’aurais du mal à vivre, du moins pour quelque temps. Je serais sûrement déboussolée, perdue. En colère, triste et vidée. Mon monde viendrait de basculer ! Afin de reprendre mon équilibre, je devrais me trouver de nouvelles racines, en jonglant avec de nouvelles réalités, de nouvelles perspectives. M’adapter à de nouvelles conditions. Que me faudrait-il traverser pour en arriver là ? 

C’est souvent ce que nos personnages vivent dans nos histoires. Au début, ils se trouvent dans une situation X. Puis un évènement surgit et les voilà parachutés dans la situation Y, dans laquelle ils devront passer à travers différentes épreuves et émotions pour accéder à la situation Z. Ils vivent une sorte de déracinement, eux aussi. Et toute l’histoire raconte comment ils font pour embrasser cette nouvelle situation Z, ce nouvel état de conscience. 

Qu’en est-il avec votre personnage ? A-t-il expérimenté une forme de déracinement lui aussi ? Comment s’en sort-il ? Rencontre-t-il des obstacles (externes ou internes) qui l’empêchent d’avancer ? A-t-il des alliés ? (des qualités, des dons, des amies, des guides, un frère, une sœur, un parent…) Quelles émotions cette situation suscite-t-elle chez lui ? Pourquoi ? Comment les gère-t-il ? Que veut-il faire ? Aller de l’avant ou rester là ? Quelle motivation le pousserait à aller de l’avant ? Une amoureuse, un amoureux ? Sauver la vie de quelqu’un ? Une force intérieure ? Le goût de changer ? Sauver le monde ? Redonner à la vie ? 

C’est en se posant toutes sortes de questions comme ça que l’histoire émerge peu à peu de notre inconscient. Et lorsqu’une idée persiste, cela veut dire qu’on a tiré le bon fil, et qu’il faut donc le suivre pour voir où il nous mène.

LE PONT

Le pont représente à mes yeux le chemin emprunté pour accéder à un état de conscience élargie. Le pont, c’est ce qui nous mène de l’autre côté. 

Le pont représente aussi ce qui nous soutient tout au long de la traversée, ça nous protège de la chute, de l’eau agitée d’une rivière enragée, des… crocodiles ! 😉 Moi, ce qui me soutient dans mes moments difficiles, ce sont mes racines actuelles (énumérées ci-dessus). Elles représentent le pont sur lequel je peux marcher en toute sécurité. 

Le pont relie. L’empathie est une qualité humaine qui permet de projeter un pont vers l’autre afin de mieux le comprendre et l’aider à supporter sa douleur, quelle qu’elle soit. Apprendre à ressentir l’autre, ses émotions, sa souffrance, sa joie, sa déception, sa colère, sa tristesse, sa gêne, ses peurs, son audace, sa lumière…, sans rien prendre en charge, est une qualité extraordinaire et extrêmement bénéfique. C’est le pont doré et lumineux qui unit les humains entre eux. 

Que signifie le symbolisme du pont pour votre personnage ? Comment cette vision personnelle du pont pourrait-elle enrichir votre histoire et lui donner de la profondeur ? 

Est-ce que votre personnage aurait déjà vécu un traumatisme en traversant un pont ? Un accident ? Une tentative de suicide ? Une révélation (sa mère n’est pas sa vraie mère ; il a un frère qu’il n’a jamais vu ; son meilleur ami lui confie qu’il va mourir…) ? Comment cette épreuve change-t-elle sa vie ? (Cette situation le déracine et le projette dans une nouvelle situation — la situation Y.) Comment s’en sort-il ? Que fait-il pour reprendre le contrôle sur sa vie ?

Ou bien votre personnage aurait-il déjà vécu une expérience positive sur un pont ? Une rencontre lumineuse ? Une révélation sur l’orientation nouvelle de sa carrière ? Un moment de paix incroyable devant le paysage qui se déploie sous ses yeux ? Une épiphanie ? Une synchronicité ? Une demande en mariage ? Comment cette occurrence, provenant du passé de votre personnage, importe-t-elle dans l’histoire que vous écrivez actuellement ? 

En quoi le symbolisme du pont influe-t-il sur la vie de votre personnage ?

Et pour vous, que signifie le pont dans votre vie ? En y répondant, vous aurez peut-être des idées sur ce que ça signifie vraiment pour vos personnages. 

Bonnes réflexions, à toutes les amoureuses et tous les amoureux de mots et de fiction littéraire !