Ce texte est un extrait du livre Écrire une nouvelle et se faire publier, Mireille Pochard, Éditions Eyrolles, Paris, 2009, P. 5 à 8.
Je viens de découvrir que ce livre a été réédité en 2017 ; la nouvelle page de couverture est vraiment plus belle ! C’est l’image que vous voyez à gauche de ce texte.
Je partage cet extrait avec vous, car il est une source d’inspiration incroyable, un booster d’écriture. Lisez-le, et vous verrez…
Conseils préliminaires :
écrivez, écrivez, il en restera toujours quelque chose !
Voici maintenant quelques conseils pour écrire vos nouvelles (ou vos poèmes, vos histoires, votre autobiographie, vos contes, vos anecdotes…)
• Jetez-vous à l’eau et ayez confiance en vous !
• Ne vous souciez ni de l’orthographe ni de la syntaxe, le premier jet doit être un feu d’artifice. Avoir une idée, trouver les mots, rassembler les pièces du puzzle : chacune de ces étapes correspond à un mécanisme intellectuel spécifique, vous ne pouvez y parvenir simultanément. Il sera toujours temps, ensuite, de retravailler votre texte.
• Ne réfléchissez pas avant d’écrire, cela ferait fuir vos idées ! Je sais, à l’école on vous a seriné le contraire mais oubliez tout ce que vous avez appris. Écrivez rapidement, à la truelle : vous hésitez entre plusieurs termes ? Écrivez-les tous, vous choisirez plus tard ! Essayez d’écrire au plus près de vous-même et de ce que vous avez à dire, et surtout ne cherchez jamais à faire beau : faites vrai et simple ! Oubliez les ornements, l’adjectif par exemple, ce cache-misère de la littérature !
• Commencez par ce qui vous vient : avancez… même dans le brouillard, pratiquez, s’il le faut, l’écriture automatique ! Laissez venir la première idée… Écrivez, même n’importe quoi : la première phrase ne sera peut-être pas conservée mais elle aura eu le mérite de vous faire démarrer. Le mouvement de la main tire le fil des idées. Laissez-vous aller ! Soyez vacant, prêt à tout accueillir ! Jouissez de l’immense espace de liberté qu’est l’écriture ! Vous avez tous les droits : lâchez-vous, rien n’est interdit ! Écrivez tout ce qui vous passe par la tête : déverrouillez tous vos nœuds, vos blocages, sortez ce que vous avez sur le cœur, au pire cela restera entre vous et vous… Ouvrez les vannes, vous allez voir, c’est une telle libération ! Écrivez pour vous, ne pensez pas au lecteur, cela risquerait de vous bloquer… surtout si le sujet est intime.
• Vous êtes au bord de la feuille, plongez… Souvent, le démarreur idéal est le mot lui-même, c’est lui qui vous happe et déclenche tout. Fil conducteur à suivre, vous vous y accrochez comme à une bouée, un mot passe le témoin à un autre. Une fois semés, les mots germent, sortent de terre ! La première phrase écrite, le reste suit…
• Les mots véhiculent des images, passent des personnages en quête d’auteur, saisissez-les. Vous ressentez une fébrilité, une poussée d’adrénaline, une urgence. Un ton affleure… L’histoire s’impose à vous, se construit… Partez avec elle, voyagez : effeuillez-la jusqu’à son cœur. Vous ne savez pas où cela va vous mener ? Tâtonnez, ouvrez des portes au hasard… Vous ignorez ce que vous découvrirez derrière ? Vous trouverez la sortie, le nuage se déchirera : soudain, vous saurez !
• Ne vous laissez pas enfermer dans la linéarité de l’écriture : la pensée n’est pas linéaire ! Écrivez dans le désordre, la phrase de départ n’est pas condamnée à rester au début ! L’ordre des mots dans la phrase, des phrases dans le paragraphe, des paragraphes dans le texte global n’est jamais définitif. Représentez-vous votre histoire comme une suite de plans cinématographiques : si vous étiez cinéaste, vous ne tourneriez pas les scènes du film dans l’ordre : réjouissez-vous, la fonction copier-coller (ou couper-coller) de votre ordinateur vous permettra de faire le montage a posteriori… Si vous êtes réfractaire à l’informatique, vous choisirez la méthode artisanale avec paire de ciseaux et colle.
• Enfin, un dernier conseil, lorsque vous relisez votre premier jet, soyez indulgent avec vous-même, acceptez qu’il ne soit pas parfait !
Quand j’écris, je visualise une pelote, j’imagine que tout est déjà à l’intérieur de moi, que je ne crée rien, qu’il suffit de dévider… Ce qui n’exclut pas quelques nœuds qu’il faut défaire pour pouvoir avancer ! Vous ne visualiserez pas d’emblée votre manière de créer, mais au cours de vos exercices d’écriture, vous serez au fur et à mesure conscient de ce qui vous fait démarrer et de quelle façon. Après quelques réalisations, vous trouverez vous-même les métaphores qui vous conviendront.
Et s’il vous arrive de rencontrer le vide absolu, l’angoisse, le blocage total :
• Raccrochez-vous aux lieux, visualisez un décor, il ne restera pas vide longtemps.
• Allez marcher un moment, cela remettra en route votre imagination, et vous repartirez d’un bon pied.
• Faites des recherches sur un thème qui vous tient à cœur, rassemblez des documents, des photos, des bribes.
• Reprenez des débuts de textes que vous n’avez pas terminés.
• Rassemblez des portraits de personnages qui vous semblent intéressants à mettre en scène, créez des circonstances pour qu’ils se rencontrent.
• Cherchez dans les journaux, lisez les faits divers.
• Et si rien de tout cela ne fonctionne pas, endormez-vous en pensant à votre texte. Peut-être vous réveillerez-vous au milieu de la nuit avec l’idée géniale qui vous manquait. Alors ne la lâchez pas, écrivez-la immédiatement ! Que de chefs-d’œuvre, composés dans les brumes nocturnes, se sont effacés, faute d’avoir été notés sur l’instant !
EXERCICE D’ÉCRITURE — Rampes de lancement
Voici trois phrases tirées de trois recueils de nouvelles. Utilisez-les comme rampe de lancement vers votre propre monde imaginaire, en suivant les conseils de Mireille :
« Commencez par ce qui vous vient : avancez… même dans le brouillard, pratiquez, s’il le faut, l’écriture automatique ! Laissez venir la première idée… Écrivez, même n’importe quoi : la première phrase ne sera peut-être pas conservée mais elle aura eu le mérite de vous faire démarrer. Le mouvement de la main tire le fil des idées. Laissez-vous aller ! Soyez vacant, prêt à tout accueillir ! Jouissez de l’immense espace de liberté qu’est l’écriture ! Vous avez tous les droits : lâchez-vous, rien n’est interdit ! Écrivez tout ce qui vous passe par la tête : déverrouillez tous vos nœuds, vos blocages, sortez ce que vous avez sur le cœur, au pire cela restera entre vous et vous… Ouvrez les vannes, vous allez voir, c’est une telle libération ! Écrivez pour vous, ne pensez pas au lecteur, cela risquerait de vous bloquer… surtout si le sujet est intime. »
- Passagers de la tourmente, Anne Peyrousse, Hamac, 2013, 152 p. (page 99).
« Il y a le loup, le loup qui court tout le temps, dans les hautes herbes, aussi hautes que des plants de maïs, je sais que c’est un loup, parce qu’ils l’ont dit aux informations : “Un loup énorme se promène en liberté, un survivant affamé.” »
- Éclats de vie, Geneviève Serreau,des femmes, Antoinette Fouque, 2005, 159 p. (page 53).
« Il entend le silence traversé de voix rauques, qui donnent des ordres, les reprennent, les redonnent, des cris, des halètements, le gong d’un cœur qui s’use. »
- La vengeance du pardon, Éric-Emmanuel Schmitt, Éditions Albin Michel, 2017, version numérique (Page 12 de la nouvelle, Mademoiselle Butterfly).
« Alléché par l’exceptionnel, il s’exposait volontairement au risque ; ivre de son jeune corps, de la force qu’il y décelait, il le testait en ski, à vélo, à moto, en voiture — quoique sans permis, bien sûr — et collectionnait les paris extravagants. »
Bonne écriture, et amusez-vous !
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