Technique narrative : les pensées des personnages dans les dialogues

Un ami (qui actuellement écrit son premier polar) me demandait l’autre jour comment insérer, dans une histoire, la pensée d’un personnage lorsque ce dernier était en train de parler. Je lui ai donné une réponse, mais la technique narrative m’a ensuite trotté dans la tête et j’ai voulu en faire un article de blogue, plus complet.

Alors, voilà.

D’abord, tout dépend de la typographie des dialogues que tu choisis (avec chevrons ou tirets cadratin), du style de tes dialogues (direct, indirect ou indirect libre) et du type de narrateur que tu utilises (à la troisième ou à la première personne).

Voyons voir.

Avec un narrateur à la troisième personne focalisé sur le personnage et un dialogue au style direct 

Exemple 1 (dialogue avec chevrons – pensées dans la narration)

« Écoute, tu devrais t’en tenir à… » Il s’interrompit, mal à l’aise. Qu’était-il en train de lui raconter ? Non, il ne devrait pas… Elle lui en voudrait pour le restant de sa vie. « Euh… finalement, tu fais ce que tu veux. »

Exemple 2 (dialogue avec chevrons – pensées au « je » en italique)

« Écoute, tu devrais t’en tenir à… » Il s’interrompit, mal à l’aise. Qu’est-ce que je suis en train de lui raconter ? Je ne dois pas… Elle va m’en vouloir pour le restant de sa vie. « Euh… finalement, tu fais ce que tu veux. »

Exemple 3 (dialogue avec tirets cadratin – pensées dans la narration)

— Écoute, tu devrais t’en tenir à…

Il s’interrompit, mal à l’aise. Qu’était-il en train de lui raconter ? Il ne devrait pas… Elle lui en voudrait pour le restant de sa vie. 

— Euh… finalement. Tu fais ce que tu veux.

Exemple 4 (dialogue avec tirets cadratin – pensées au « je » en italique)

— Écoute, tu devrais t’en tenir à…  

Il s’interrompit, mal à l’aise. Qu’est-ce que je suis en train de lui raconter ? Je ne dois pas… Elle va m’en vouloir pour le restant de sa vie.

— Euh… finalement, tu fais ce que tu veux.

Avec un narrateur à la troisième personne focalisé sur le personnage et un dialogue au style indirect 

Exemple 5 (pensées dans la narration) 

Il lui tendait la main en expliquant qu’elle devrait s’en tenir à… Il s’interrompit, incertain. Qu’était-il en train de lui dire ? Ne devait-il pas plutôt… Oui. Sinon elle lui en voudrait pour le restant de ses jours. Il s’excusa et retira sa main, puis ajouta qu’elle pouvait faire ce qu’elle veut, finalement, qu’il n’avait rien à redire.

Exemple 6 (pensées au « je » en italique)

Il lui tendit la main en expliquant qu’elle devrait s’en tenir à… Il s’interrompit, incertain. Qu’est-ce que je suis en train de lui dire ? Ne devrais-je pas plutôt… Oui. Sinon elle va m’en vouloir pour le restant de sa vie. Il s’excusa et retira sa main, puis ajouta qu’elle pouvait faire ce qu’elle veut, finalement, qu’il n’avait rien à redire.

Avec un narrateur à la troisième personne focalisé sur le personnage et un dialogue au style indirect libre 

Exemple 7 (pensées dans la narration)

Inquiet, il lui tendit la main. Il insista. Elle devrait s’en tenir à… Il s’interrompit, incertain. Qu’était-il en train de lui dire ? Ne devait-il pas… Oui. Sinon elle lui en voudrait pour le restant de ses jours. Il retira sa main et s’excusa. Elle pouvait faire ce qu’elle veut, finalement, il n’avait rien à redire.

Exemple 8 (pensées au « je » en italique)

Inquiet, il lui tendit la main. Il insista. Elle devrait s’en tenir à… Il s’interrompit, incertain. Que suis-je en train de lui dire ? Ne devrais-je pas plutôt… Oui. Sino, elle va m’en vouloir pour le restant de sa vie. Il retira sa main et s’excusa. Elle pouvait faire ce qu’elle veut, finalement, il n’avait rien à dire.

Avec un narrateur à la troisième personne focalisé sur le personnage et un dialogue au style direct, inséré dans le paragraphe narratif  

Exemple 9 (pensées dans la narration)

Inquiet, il lui tendit la main. Il insista : tu devrais t’en tenir à… Il s’interrompit, incertain. Qu’était-il en train de lui dire ? Ne devait-il pas… Oui. Sinon elle lui en voudrait pour le restant de ses jours. Il retira sa main et s’excusa : tu peux faire ce que tu veux, finalement, je n’ai rien à redire. 

Exemple 10 (pensées au « je » en italique)

Inquiet, il lui tendit la main. Il insista : tu devrais t’en tenir à… Il s’interrompit, incertain. Que suis-je en train de lui dire ? Ne devrais-je pas plutôt… Oui. Sinon elle va m’en vouloir pour le restant de sa vie. Il retira sa main et s’excusa : tu peux faire ce que tu veux, finalement, je n’ai rien à redire.

Exemple 11 (pensées dans la narration)

Inquiet, il lui tendit la main. Il insista, tu devrais t’en tenir à…, et s’interrompit, incertain. Qu’était-il en train de lui dire ? Ne devait-il pas… Oui. Sinon elle lui en voudrait pour le restant de ses jours. Il s’excusa, tu peux faire ce que tu veux, finalement, je n’ai rien à redire, et retira sa main. 

Exemple 12 (pensées au « je » en italique)

Inquiet, il lui tendit la main. Il insista, tu devrais t’en tenir à…, et s’interrompit, incertain. Que suis-je en train de lui dire ? Ne devrais-je pas plutôt… Oui. Sinon elle va m’en vouloir pour le restant de sa vie. Il s’excusa, tu peux faire ce que tu veux, finalement, je n’ai rien à redire, et retira sa main. 

RESTER COHÉRENT

Pour plus de cohérence, il est préférable de choisir une façon d’écrire les dialogues et une autre pour les pensées, et de s’y tenir tout au long du manuscrit.

Pour éviter l’effet de monotonie, tu peux ponctuer la narration avec des dialogues au style indirect ou indirect libre, là où tu sens que ça apporterait plus de dynamisme au texte. 

L’important, c’est de bien connaître ses outils et de les utiliser dans un but précis et de manière consciente. 

Par exemple : 

« J’utilise le dialogue au style direct parce que j’aime son effet. Quand je lis une histoire où les dialogues sont rapportés au style direct, c’est comme si j’entendais le personnage parler devant moi ; c’est vivant et dynamique. C’est l’effet que je veux donner à mes lecteurs. Sans compter que la lisibilité du texte s’en trouve accrue avec ce type de dialogue, c’est beaucoup plus accessible pour eux. »

« Moi, j’aime utiliser le style indirect libre, car je trouve qu’il a un effet plus littéraire. Les dialogues sont intégrés dans les phrases, dans les paragraphes. Cela crée un effet distingué, plus stylisé, moins direct, et j’aime ça. »  

Il n’y a aucune règle figée dans l’écriture. 

C’est à toi de tester les différentes techniques narratives dans tes histoires et de voir ce qui fonctionne ou pas. 

Dans les exemples ci-haut, j’ai utilisé uniquement le narrateur à la troisième personne, parce que c’est celui que je maîtrise le mieux. J’écris très peu à la première personne. J’aime surtout utiliser le narrateur à la troisième personne, axé sur/dans les personnages. Autrement dit, toute l’histoire est racontée du point de vue des personnages. Tout passe par le prisme de leur conscience : les descriptions, l’action, les dialogues, l’atmosphère, les émotions, les pensées…

Toi, avec quel type de narrateur aimes-tu raconter tes histoires ? Et avec quel type de dialogue rapportes-tu les répliques de tes personnages ? Ça m’intéresse ! 

Merci d’être là et de me lire.

À bientôt,

AnyJann xxx… 

2 commentaires

  1. dévi dit :

    Merci beaucoup pour ces explications de technique narrative. C’est bien complet !

    Super aussi les extraits de ce roman en cours. Donne envie de le lire !

    1. Allô, Dévi !
      Merci pour ton passage sur le blog, c’est vraiment chouette ! Très heureuse que mon article sur les pensées des personnages dans les dialogues ait pu t’apporter un petit quelque chose.
      Ton commentaire sur les extraits me fait beaucoup plaisir. Tant mieux s’ils te donnent le goût de lire mon histoire. C’est le but.
      Merci encore d’être passée sur le blog.
      À très bientôt,
      AnyJann 🙂

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