ACCEPTATION

Le texte qui suit est une traduction libre du chapitre 6 « Acceptance » du livre Writing begins with the breath, de Laraine Herring, Shambhala Publication Inc, 2007, P.47-52. Je ne suis pas traductrice, alors, je vous demanderais d’être indulgent. Il se pourrait que vous trouviez quelques maladresses stylistiques dans ce texte. Je vous remercie de votre compréhension.

Selon moi, l’acceptation est une étape très importante dans la démarche à devenir écrivain.e. Pour être écrivain.e, écrire et publier, il faut reconnaître qui l’on est et l’assumer. Ce texte m’a fait, et me fait encore, beaucoup de bien. Je le partage avec vous, en espérant qu’il vous incite à faire le pas suivant vers la réalisation de votre rêve, celui d’écrire un livre et de le publier.

Si ce texte vous inspire et que vous êtes capable de lire l’anglais, vous pourrez vous procurer ce livre ICI.


« Après tout, la meilleure chose qu’une personne puisse faire lorsqu’il pleut, c’est de laisser la pluie tomber. »

HENRY WADSWORTH LONGFELLOW

Vous souvenez-vous de la vieille chanson country, « Some Days are Diamonds, Some Days are Stones » ? À première vue, ce titre semble vous dire que certaines journées sont meilleures que d’autres, ce qui, nous le savons tous, est la vérité. Mais cela veut aussi dire que la journée, qu’elle soit bonne ou mauvaise, ne dure pas. Chaque jour est différent, chaque jour est un changement. Il en est de même avec vous, aussi.

L’acceptation de vous-même est une partie de votre fondation en tant qu’écrivain et en tant qu’être humain. Je sais, cela sonne comme une banale recette New Age, mais restez avec moi une minute. Être capable de vous regarder avec une honnêteté à toute épreuve, et un petit sourire, vous donnera quelque chose de réel sur quoi travailler. Par contre, vous construire au-delà de vos capacités ou bien vous démolir ne vous servira pas. Les humains sont parfaitement imparfaits. Si vous ne pouvez honnêtement reconnaître les aspects sur lesquels vous devez travailler, alors vous ne ferez aucun progrès ; inversement, si vous ne reconnaissez pas honnêtement vos forces, vous perdrez votre temps en travaillant sur ce qui est déjà fort.

Certains d’entre nous ont été élevés avec l’idée que c’est impoli ou bien honteux de se vanter, et confondent la reconnaissance de leurs forces avec la vantardise. La vantardise est ce qui arrive quand vous démolissez les autres pour vous surélever. Se maintenir droit et fort dans la vérité de ce que vous êtes n’est pas de la vantardise ; c’est de l’honnêteté. Certains d’entre nous sont incapables de reconnaître en quoi ils excellent. Quand on leur fait un compliment, ils rougissent, détournent et attirent l’attention sur un énorme défaut de leur personne. 

« Ce chandail te va à merveille », leur dit un ami.

« Oh, ça ? Je l’ai eu pour pas grand-chose. C’est une vieillerie. » 

Acceptez de recevoir des compliments. Prodiguez-vous-en. Cela aide aussi d’en faire aux autres. Croyez que vous êtes digne de votre vie et que vous pouvez apporter une contribution positive à ce monde.

Quand vous vous percevez d’une façon réaliste, il en est ainsi avec votre écriture. Si nous pensons être parfaits, nous serons sourds à la critique constructive sur notre poésie. Si nous pensons que tout ce que nous faisons est un désastre, nous serons incapables de voir la beauté cachée dans nos vers. L’écriture est un art qui requiert du travail. L’entraînement d’un écrivain est l’apprentissage d’une vie. Si je crois connaître toute chose à connaître, cette arrogance se traduira sur la page, et je serai incapable d’atteindre cet espace où mon travail communique efficacement. Si je crois que je ne connais et ne connaîtrai rien, le même résultat se produira. 

L’écriture est un art qui requiert du travail. L’entraînement d’un écrivain est l’apprentissage d’une vie.

Une partie de l’acceptation de vous-même est d’accepter que vous êtes écrivain. Quand le biographe, Mark Spragg, est venu parler à l’une de mes classes, il a dit aux élèves qu’il vivait la vie qu’il pensait que les écrivains vivaient. En lisant les jaquettes de livres de ses auteurs préférés, il constatait que ceux-ci étaient soient fermiers, exploreurs ou ermite. Ils ne remerciaient pas leur programme MFA ou leur colonie d’artistes pour le temps, l’espace et l’inspiration qu’ils avaient reçus. Ils vivaient juste leur vie et écrivaient sur eux-mêmes parce qu’ils se sentaient poussés à le faire. Spragg voulait ainsi nous montrer que nous avons besoin davantage de vivre et de penser moins à être un écrivain. Vous êtes un écrivain ou vous ne l’êtes pas. Ne gaspillez pas votre effort à trop y songer.

Être un écrivain est une façon de voir le monde. C’est une façon d’intégrer les informations avec lesquelles nous rentrons en contact tous les jours. Si vous êtes un écrivain, vous pouvez ne plus l’être au même titre que vous pouvez ne plus respirer. Lorsque vous essayez de ne pas être l’écrivain que vous êtes, parce que c’est trop dérangeant, ou vous êtes trop effrayés, ou vous ne vous trouvez pas assez bons, vous verrez cette répression de votre authenticité remonter à la surface dans les autres secteurs de votre vie. Peut-être vous adonnerez-vous à autre chose. Peut-être vous retrouverez-vous amers et frustrés. Vous pourriez même blâmer vos relations personnelles à cause de votre manque d’accomplissement. Tout le monde a une raison différente pour se séparer de son cadeau. Mais tôt ou tard, le cadeau demande à être entendu. Mieux est-il pour vous et le reste du monde de cultiver cette relation maintenant. Tenez l’écriture près de votre cœur, que vous écriviez un journal, un essai ou un mémoire pour vos petits enfants. C’est une part de l’être que vous êtes, et cela demande le même oxygène que n’importe quel autre être vivant. Quand vous le nourrissez, il vous nourrit. Quand vous cessez de le nourrir, il vous draine par des voies les plus inattendues. Maintenez l’écriture dans votre vie avec l’intimité et la régularité du brossage de vos dents. Reconnaissez-la comme une partie de qui vous êtes, et non de ce que vous faites. C’est une façon d’être. Absolument rien de moins ne satisfera l’un ou l’autre de vous.

Tenez l’écriture près de votre cœur, que vous écriviez un journal, un essai ou un mémoire pour vos petits enfants. C’est une part de l’être que vous êtes, et cela demande le même oxygène que n’importe quel autre être vivant. Quand vous le nourrissez, il vous nourrit.

C’est difficile de se voir avec précision, aussi dur est-il de voir son propre travail avec exactitude. C’est pourquoi les écrivains ont des groupes ou des collègues qui lisent leur texte. Ils savent qu’ils ne peuvent tout voir et veulent une évaluation honnête. Plus longtemps vous pratiquez votre métier, plus votre regard sur vos écrits deviendra objectif. Vous serez meilleur avec le temps. L’objectivité est un outil essentiel lors de l’étape de la révision et de l’analyse. Vous ne pourrez le faire à moins de vous distancer de votre travail et de le voir de façon objective et honnête.

 Chaque jour où vous vous assoyez pour écrire est différent de la journée d’avant. Vous êtes une personne différente de celle que vous étiez la veille. Différentes gâchettes ont été pressées. Différents souvenirs flottent autour de vous. Différentes sensations se trouvent dans votre corps. Lorsque l’écriture se porte bien, remarquez, souriez doucement, et continuez. Lorsque l’écriture ne se porte pas aussi bien, remarquez, souriez doucement, et continuez. 

Se battre crée de la résistance et des tensions dans votre corps et vos pensées. Si l’écriture n’avance pas aussi bien que vous le voulez, et que vous commencez à tempêter, à tendre votre mâchoire et vos épaules, à respirer plus vite, vous donnez de l’énergie au combat, et vous garantissez ainsi le blocage de votre travail parce que toute votre attention se focalise sur cela au lieu de l’impermanence de cette journée d’écriture particulière. Imaginez le lendemain autrement, et il sera différent. Décidez que vous avez un blocage et que vous ne voulez plus jouer, et vous aurez sûrement ce blocage et vous ne deviendrez pas un écrivain et vous aurez donné tout le pouvoir à l’impermanence du moment de cette journée. Ne faites pas ça.

 Je sais, c’est tentant. Dans les biographies d’écrivains ou dans les autres livres sur la vie d’écrivains, le besoin de garder son derrière sur la chaise est souvent mentionné. Chaque écrivain trouve sa propre façon de travailler avec leurs résistances et leurs mauvais jours, parce que pour vivre cette vie, ils doivent le faire. En le faisant, vous pourriez commencer à sentir que de nouvelles idées se pointent, que des choses apparaissent, finalement. Quand au contraire, vous allez marcher ailleurs ou vous vous découragez, pas grand-chose ne se produit. Quand vous apprenez à accepter les journées de moindre flexibilité, de quelques mots sur le papier, de plus de divagations, vous construisez votre fondation sur les journées de grande flexibilité, de phrases et de concepts surprenants et de travail plus concentré. Lorsque vous traitez votre écriture comme faisant partie intégrante de votre vie, le flux et le reflux de votre relation avec elle ne vous paraîtront plus aussi saisissants ou aussi sévères. Certains jours, vous et vos amis semblez parler deux langues différentes, appartenant à des univers distincts. Certains jours, vous et votre écriture ne formez qu’un.    

Reconnaissez vos limites, mais ne leur donnez pas de vie en les phrasant. Au lieu de dire : « Je suis incapable d’écrire un dialogue vivant et prenant. », dites : « Je suis incapable d’écrire un dialogue vivant et prenant, aujourd’hui. » Et alors, si les dialogues vivants et prenants est ce que vous recherchez, lisez les dialogues qui vous ont le plus marqués, pratiquez-les, et demain sera un autre jour. Sans le travail (de lecture et de pratique), vous direz la même chose le lendemain. Un jour nouveau ne vous apportera pas un nouveau kit d’outils extraordinaires sans avoir au préalable effectué le travail nécessaire. Le fait d’accepter les parties où vous avez le plus besoin d’améliorer dans votre métier vous permet de construire une fondation solide, et non criblée de trous avec vos illusions et fantasmes sur vos habiletés courantes. La leçon de l’impermanence nous enseigne que peu importe ce que nous ressentons, cela va passer. La leçon de l’acceptation, quant à elle, nous permet de trouver la joie à toutes les étapes du processus de la création littéraire.

La leçon de l’impermanence nous enseigne que peu importe ce que nous ressentons, cela va passer. La leçon de l’acceptation, quant à elle, nous permet de trouver la joie à toutes les étapes du processus de la création littéraire.

Touches de pierre 

  1. Écrivez une lettre d’amour à vous-même. Vous pouvez l’écrire du point de vue que vous voulez. Vous pourriez même expérimenter différents points de vue. Par exemple, une lettre pourrait provenir de vous à vous-même, une autre de votre conjoint ou conjointe, une autre d’un personnage de votre livre, etc.
  2. Faites une liste de vos forces et faiblesses dans l’écriture. Que pourriez-vous faire pour vous améliorer ? Soyez spécifique avec vos idées. Ne dites pas seulement : « Lire plus. » Trouvez des livres qui se focalisent sur vos faiblesses. Par exemple, si vous ne vous sentez pas très bons dans l’écriture de dialogues, lisez David Mamet ou Alice Walker. Regardez comment ils procèdent pour rendre d’excellents dialogues. Si vous éprouvez de la difficulté dans vos descriptions, lisez A Death in the Family de James Agee ou Lonesome Dove de Larry McMurtry. Si vous pensez que vous devez améliorer la caractérisation de vos personnages, essayez Beloved de Tony Morrisson ou Four Spirit de Sena Jeter Naslund. Élargissez votre expérience.
  3. Tentez l’écriture d’un poème qui vante toutes choses que vous faites bien ou que vous aimez à propos de vous-même. Écartez tout ce qui peut vous freiner. Ne soyez pas effrayé de paraître arrogant. Dites au monde combien merveilleux et magnifique vous êtes ! Et riez !