Les entrevues : Kanda

Chère Kanda, je suis très heureuse de pouvoir m’entretenir avec vous aujourd’hui. Vous êtes le personnage le plus énigmatique de mon histoire. Je ne vous ai pas encore complètement cernée ; des pans de vous m’échappent encore. Mais j’en ai su assez pour écrire ce roman ; je connais surtout le rôle que vous avez joué auprès de votre petit-fils, Sahale.

J’avoue que je suis fascinée par votre archétype : la vieille sage, excentrique, chaman, à la connaissance profonde de l’humain et de ses failles. Vous êtes une guérisseuse, mais pas que du corps physique. Vous savez comment aider l’humain à guérir d’une blessure émotionnelle.

D’où vous vient cette connaissance ?

“De ma mère, j’imagine. Elle était elle-même une chaman guérisseuse. Elle m’a enseigné tout ce qu’elle savait. Mais AnyJann, je suis convaincue que nous portons tous cette connaissance en soi, même toi, même celles et ceux qui sont en train de lire cet article. Le problème est que nous lui avons tourné le dos. Nous sommes trop obnubilés par le monde qui nous entoure, par les villes, les voitures, les écrans de télé, d’ordi, de téléphone, la mode, les masses, les guerres, les pandémies…, par les souffrances émotionnelles que vous vivons, les idées que nous avons de ce que devrait être la vie, les envies, les pulsions, les dérèglements physiques et psychiques. Tout ça nous détourne de notre véritable nature, de ce trésor enfoui au creux de l’être.”

De quoi êtes-vous en train de parler ?

“Du soleil qui brille à travers nos yeux. Du vent qui souffle dans notre sourire. Du tambour qui bat au rythme de l’amour. Du son à l’origine du mot, de la pensée et de l’émotion. De l’Aigle aux ailes blanches que nous sommes tous. Du Grand Cerf des aurores infinis qui n’attend qu’on daigne lui accorder un peu d’attention. Mais la folie de nos humeurs, de nos mal-être, de nos envies diverses et éparpillées, de nos esprits dérangés et aveuglés par les spots lumineux des écrans, embrouille notre vision intérieure. Nous ne regardons plus là où l’on devrait porter notre attention, c’est-à-dire, à l’intérieur de soi, mais pas là où ça fait mal ni dans nos pensées désordonnées, mais là où l’immensité demeure, la vastitude de l’océan lumineux, la paix du matin embrumé, là où la joie de l’enfant vibre dans le vent de nos sourires.”

Comment arrive-t-on à détourner notre regard d’une douleur pour le poser sur ce que vous venez de décrire ?

“C’est un long chemin que cette quête de soi. C’est le sentier que nous foulons tous, de la naissance à la mort. Nous avons la chance de travailler avec notre animal totem. Lui, il sait. Si nous suivons sa guidance, le chemin vers le Soleil au coeur de soi peut se faire plus rapidement. Mais l’homme, dans sa nature, peut parfois être têtu. Comme mon petit-fils, Sahale… Cet enfant est le Grand Faucon, et il l’ignore. Il a aussi le don des Rêves. Quand il aura maîtrisé son dragon, et qu’il accédera à la connaissance du Grand Faucon en lui, et qu’il aura accepter de travailler consciemment avec ses rêves, rien alors ne pourra l’empêcher d’accomplir sa destinée. S’il savait ce qu’il est ! Oh Grand Esprit ! Cette âme est si belle ! Mais avant, il doit d’abord apprendre à guérir ses blessures émotionnelles. Guérir du père ou de la mère est le sentier que beaucoup d’entre nous foulent dans cette vie. C’est une route cahoteuse qui serpente dans une forêt dense, jonchée d’innombrables obstacles. C’est la voie du guerrier menant vers la lumière du Soleil au coeur de soi.”

Je me questionne, Kanda. Si vous êtes une guérisseuse, comment se fait-il que vous souffrez d’arthrite rhumatoïde ? Vous ne connaissez pas un moyen de vous guérir ?

“Ha ha ha ! Tu me fais bien rire, toi, petite biche du printemps. Comment t’expliquer ? J’ai choisi de vivre avec cette maladie, car elle permet, entre autres, à mes proches d’aller au-delà d’eux-mêmes en prenant soin de moi. Aux yeux de certains, ma maladie est une malédiction, mais pour moi, elle est une bénédiction : elle me permet entre autres de passer du temps avec Sahale. L’une des façons de guérir d’une détresse émotionnelle, comme celle qui emprisonne mon petit-fils, est d’arrêter de mettre son attention sur sa tristesse, sa colère, sa peur…, et de s’occuper des autres. Lorsqu’on prend soin des autres, sans rien demander en retour, on touche à cette énergie plus grande que soi qui permet justement la guérison. On touche au Soleil qui brille au coeur de soi. “

J’aime beaucoup votre façon de décrire l’âme : le Soleil qui brille au coeur de soi. C’est poétique.

Kanda, l’archétype de votre personnage revient aussi dans ma trilogie Mahdia, ou l’éloge de la faim, une romance futuriste qui se déroule en 3025 à TIERRA 6 (anciennement l’Espagne), dans le personnage de Margo, une humaine sans âge qui soutient le peuple dans sa révolution contre les Kyars, une race extraterrestre qui contrôle la Terre depuis des siècles.

Elle aussi possède une connaissance profonde de l’humain, dû à son très grand âge.

Ce type de personnage me fascine et revient souvent dans mes autres histoires. Y aurait-il là piste à explorer ? Sûrement.

J’aurais une dernière question à vous poser.

Quel âge avez-vous ?

“Je déteste dire mon âge. Je suis vieille, je sais. Mon corps me le dit, mes articulations me le disent et mes petites pertes de mémoire me le disent, mais mon coeur, lui, est jeune. Aussi jeune que celui de mon arrière-petit-fils, Cédrik.

Lui, ce petit bout d’homme aux bouclettes noires, il est le portrait craché de son père. Il a le don de la vision avec ses dessins. Mais comme Sahale, il ignore son talent. Son cheminement vers la lumière du Soleil au coeur de soi ne sera peut-être pas aussi houleux que celui de son père, mais comportera des défis de taille, je le sens. Cet enfant est connecté à la Source Infinie. S’il demeure ouvert à cette énergie, il produira des oeuvres inoubliables avec son talent.”

Merci infiniment, Kanda, pour cette belle rencontre. Vous êtes un personnage hors du commun que j’aime vraiment beaucoup.

“Merci à toi, petit biche du printemps. Continue d’écrire ; tu feras du bien avec tes histoires. N’oublie pas que tu as un don, toi aussi, celui des mots. Et que tu es aussi une Grande Rêveuse. Puise dans tes songes nocturnes la subtilité des états de conscience de tes personnages…”


Oh la la ! Un personnage qui me donne des conseils sur l’écriture ! C’est fou !

Ce type de personnage m’intrigue vraiment beaucoup.

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J’ignore ce que va te raconter Kanda. C’est toujours comme ça, quand je me mets au clavier. J’ignore la direction que les mots vont prendre. Mais cette part de moi qui sait, je lui fais confiance, alors, je m’ouvre et je laisse les mots me guider.

C’est de la pure magie !


Précommande de

Par amour pour Cédrik


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