cours, cours, pieds d’enfants cache-toi au fond des trous noirs, à la puanteur exilée respire, attends la terre s’ébroue, terreur s’éclate en cataclysme
des rivières de cris éplorés, des oreilles éteintes, des ventres taraudés, des tripes vomies…
quelques miettes d’amour ici et là aux lèvres d’eau sanguine
silence
rien
j’effleure l’aurore neuve
aux souvenirs féroces des sirènes d’autres temps déploient en panique leur raideur
je veux des bras
l’acidité du regard lacère ma chair gamine
je m’effondre
une lame rouillée tombe dans ma petite main de pierres tristes être un vide de rien du tout aux yeux des grands brûle cette peine cristaux de lave j’enfonce la pointe pour que s’écoule ma rage de louve
je me verrouille
j’ai peur d’être la roche qu’on jette qu’on oublie pour de bon de vrai j’ai peur d’être un ballon énorme qui s’emporte et brise je dors dans une boîte effacée où s’évade ma poussière authentique
je fracture
j’aiguise mes antennes
ressentir…
reconnaître…
agir…
agir…
mes mains d’enfant déposent un disque sur la table tournante Chopin, Beethoven, Mozart s’éparpillent et dansent avec les effluves de café ilsaiment ça, je le sais je prépare œufs, bacon, rôtis pour eux déjà je m’oublie, ma pulsation s’érode, mon pied foule un chemin onapprouve, onapprécie je reçois sourire soleil et regard d’eau océan chaud
j’avance un autre pas…
à côté du chemin
à côté
toujours
à côté de soi
je marche
sur la voie de l’autre
sans savoir
sans éprouver
la justesse du pas
le mien
le pas vers moi
je ne sais pas mordre la joie d’exister sans peur d’être un jouet défectueux cette faille au corps et mes animaux sauvages hurlent mes larmes confuses, m’embrouillent les pieds
je suis vague fielleuse avortée où grincent mes jours mes nuits mille bottes trompées s’éventent sur mes lambeaux et des voix étouffent de ne pas marcher ni être
ça ronge ça purge ça déflore jusqu’à plus faim, ces pattes d’ombres aux haleines corrosives en scénarios débridés
mes chevilles craquent
immobilité
mes esquilles pendues dans ma conscience se noient avec leurs rites et labeurs
ça crispe les poumons comme deux serres qui étranglent
une tache indicible obsédante juste au-dessus à quelques souffles d’air je me sens bras écorchés, doigts crochus, ongles empoisonnés en nervures silencieuses dans ma chair trouble
je sais la laideur de moi-même tout de travers comme une tour penchée, des émotions à mobilité réduite, une plante intoxiquée, un stylo de mots blancs
où se cache la pépite d’or ?
un trésor de diamants crus jaillit de la gluance de mon chaos, comme des rayons aux miroirs d’âme un corps épanoui déchire mes fragments perdus, embrase mes folies
un vent du désert cicatrise mes désirs mutilés une mélodie d’aurore tapisse la faille
un sourire à l’aube du chant éclaire
mon chemin
le vrai
le mien
bravant le ventre brûlé, j’avance un pas puis l’autre sous la lune, l’oreille tendue à l’aurore mélodique j’entre, et je caresse la brutalité des diamants, un chant à l’aube de mon sourire, j’épanouis le corps
j’entends la rapsodie du pied foulant la mousse fragile je distingue l’empreinte de mon pas, élan timide de mon chemin
vrai mien
j’hume les parfums d’authenticité, pigmentés d’audace, de résilience, entêtants
je feuillette mon éclipse la justesse de mon pas se fait jour je regarde et m’émeus bribes d’amour léchant mon échine que je courbe encore
je sais
ce ne sera jamais facile
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