La réécriture fait partie de l’activité créatrice dans la littérature.
Réécrire, c’est d’abord relire le premier jet, en cerner les contours, distinguer les ouvertures, repérer les passages inutiles, suivre son intuition, écouter la voix du personnage, du texte, se laisser pénétrer par lui, permettre à l’imagination de faire son travail : remplir les trous, aller au bout des choses, des personnages, des idées, tomber plus creux dans l’histoire, se laisser envahir par elle, lâcher-prise et laisser être ce qui veut se dire, ce qui veut s’écrire.
Voici un extrait de mon carnet d’écrivain où je réfléchis sur la relecture d’un premier jet.
« 29 août 2019.
Apprendre à lire les premiers jets, c’est reconnaître les petites touches de l’inconscient qui apparaissent çà et là dans le manuscrit. Elles ne font pas beaucoup de bruits, elles se glissent en douceur dans le texte, comme l’arrivée d’un chat dans une pièce, comme “l’affleurissage” d’un papillon sur une marguerite. C’est doux, c’est sans bruit, c’est présent, c’est là.
Les voir et les reconnaître, c’est lire la vraie histoire, c’est écouter ce qu’elle nous raconte. Ensuite, il faut ouvrir ces petites ouvertures, les agrandir et plonger dedans pour voir où ça nous mène. »
Réécrire, c’est aussi repérer les espaces entre les phrases, les mots, ces interstices qui nécessitent une complétude : une description de lieu, de personnage, les réflexions d’un personnage, un dialogue, un flashback…
L’art de relire un premier jet demande une grande ouverture, une grande écoute, de l’intuition et une hypersensibilité.
L’art de relire un premier jet demande une grande ouverture, une grande écoute, de l’intuition et une hypersensibilité. Il faut être capable de ressentir le texte, les personnages, les lieux, de s’immerger entièrement dans l’univers fictif. Tout cela exige évidemment beaucoup d’humilité : savoir se taire, mettre de côté nos idées préconçues, épouser l’émerveillement, la découverte, le regard de l’enfant.
Relire un premier jet, ça s’apprend avec l’expérience, c’est-à-dire avec l’écriture de nombreuses histoires. Pour relire, il faut d’abord avoir écrit.
Alors, qu’attendez-vous ?
À vos plumes !
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